Il n'y a pas si longtemps, je travaillais sur le plateau
avec les comédiens et une réflexion m'a prit... d'un coup, comme ça !
Je travaillais avec eux, les laissant évoluer, progresser,
répéter. Par moment je me permettais une remarque, des sortes de compliments ou
encore de solliciter une reprise, un geste, un mouvement...
A l'intérieur de moi se passent toujours les même choses :
admiration et fierté font partie de mes ressentis, entre autres.
Admiration parce que les comédiens se donnent, ils essaient d'être
à la hauteur et ce que je vois la plupart du temps est satisfaisant.
Fierté parce qu'ils m'écoutent, prennent en considération le
peu que je puisse leur dire, progressent admirablement pour la plupart et
j'admets penser, d'une manière prétentieuse, que le fruit de leur travail
résulte peut être de mon intervention.
Pour autant je doute, chaque jour, de l'aventure, de cette
folie que nous essayons de faire. Je doute que la qualité soit à la hauteur de
mon discours sur le monde du Troisième Rideau. Je doute de pouvoir rendre la
noblesse de l'engagement pour tous ceux qui marchent dans notre monde.
Et puis je les regarde, investis, dynamiques, remplis de
cette petite chose qui me fait être fier... Ils y croient, mais pas seulement,
leurs yeux pétillent, ils me regardent comme si je leur offrais l'impossible.
J'ai par moment peur de les décevoir, je l'avoue. Il y tellement de choses à
faire, tellement d'éléments à créer, à maîtriser, sans avoir les moyens
financiers, et si peu de temps...
La peur de ne pas y arriver, de ne pas séduire le public, de
ne pas offrir un divertissement de qualité... Oui par moment, j'ai peur !
Que les vents de la réussite soufflent sur ces comédiens, et
que celle-ci soit à l'image de leurs espérances...
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